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OMC Les Européens apportent le maillon manquant aux négociations agricoles

Le dépôt par les Européens de leurs propositions sur la réduction des tarifs et subventions agricoles devrait permettre aux discussions de commencer vraiment à l'OMC sur ce dossier, qui est au centre des négociations commerciales internationales du cycle du Doha.

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En raison du poids de l'agriculture et du marché européens, ces propositions étaient anxieusement attendues par tous les autres membres de l'OMC.

Depuis des mois, les Etats-Unis et les 18 pays exportateurs agricoles du groupe de Cairns (dont Argentine, Australie, Brésil et Canada) reprochaient à d'autres membres, dont l'Union européenne, de tarder à avancer des données chiffrées. Ils se targuaient quant à eux d'avoir présenté à temps des propositions détaillées, chiffrées et généreuses.

Les Européens, les Japonais, les Suisses et quelques autres pays mis en cause avaient vivement récusé cette analyse, estimant que les chiffres pouvaient être "très ambitieux" mais parfois "irréalistes".

Ils faisaient valoir aussi que la proposition américaine, présentée en juillet, coïncidait avec la promulgation d'une loi agricole renforçant les soutiens aux agriculteurs américains.

Alors qu'Etats-Unis et groupe de Cairns sont unis dans la lutte pour l'élimination des subventions aux exportations --dont l'Union européenne est la plus large utilisatrice--, le camp des Européens et des Japonais insiste sur la dimension sociale et écologique de l'agriculture. Tous tentent de rallier à eux les pays en développement. Ceux-ci demandent l'ouverture des marchés, le démantèlement des subventions qui concurrencent leurs produits, ainsi que des exemptions au démantèlement de leurs propres subventions. Mais ils sont loin de présenter un front uni, les Africains notamment étant liés aux Européens par des accords préférentiels.

Les propositions de Bruxelles surviennent deux jours seulement avant la date à laquelle le président du groupe de négociations agricoles à l'OMC, Stuart Harbinson, doit présenter un premier "tour d'horizon". Celui-ci doit porter sur les idées des différents membres concernant les modalités des négociations.

Selon le cycle de développement de Doha, lancé en novembre 2001, ces modalités doivent être définies avant fin mars, pour permettre de passer aux offres des différents pays. Cette phase doit s'achever au terme du cycle, c'est-à-dire fin 2004. Pour le directeur général de l'OMC, Supachai Panitchpakdi, des propositions précises étaient indispensables pour lancer le marchandage global car "des pays qui doivent faire des concessions sur l'agriculture veulent en retour des concessions sur les services et d'autres domaines". La proposition européenne, qui contient des objectifs chiffrés, prévoit une baisse de 45% des subventions à l'exportation, de 55% des aides intérieures et de 36% des tarifs douaniers. Les Etats-Unis avaient présenté leur proposition agricole l'été dernier. Elle prévoit l'élimination des subventions à l'exportation et la réduction des soutiens agricoles domestiques à 5% de la valeur de la production agricole.

Un débat paraît opposer deux groupes de pays sur la manière de procéder. Etats-Unis et groupe de Cairns veulent fixer rapidement des objectifs chiffrés de réduction selon un calendrier. Européens, Suisses et Japonais préférent définir d'abord des règles tenant compte des aspects non commerciaux et de développement (écologie, exode rural), avant de passer à des réductions.

Le négociateur suisse Luzius Wasescha a résumé le débat récemment en reprochant au groupe de Cairns de demander "le maximum" sans tenir compte des conséquences des réformes à l'intérieur de chaque pays.


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